Les échanges linguistiques? Douce chimère, Le temps, 7.4. von Sandrine Hochstrasser
Pourquoi
apprendre le français ou l’anglais quand on aspire à devenir monteur
automaticien à Saint-Gall? Les langues étrangères sont inutiles pour la
majorité (60%) des formations professionnelles proposées en Suisse. C’est ce
que révèle un document de l’Union suisse des arts et métiers (USAM) listant les
exigences pour chaque profession. Le rapport a été publié dimanche par la NZZ
am Sonntag.
Ce constat officiel est «politiquement explosif»,
admet l’hebdomadaire. «Plusieurs offensives ont été menées pour permettre aux
étudiants d’abandonner le français au secondaire et de se concentrer sur leurs
disciplines professionnelles.» Ces attaques sont restées jusqu’à présent
infructueuses, mais l’USAM et les organisations professionnelles offrent de
nouvelles munitions aux détracteurs du français.
Les Romands peuvent toujours se rassurer en se
remémorant le vote de Nidwald le mois passé qui a refusé la suppression du
français au primaire. Mais le climat orageux, hostile à l’apprentissage des
langues à l’école continue de s’étendre pourtant. Et la Suisse romande n’est
pas épargnée.
Qui croit encore que les élèves apprennent
l’allemand à l’école? Les cours sont dévalorisés, décriés… et l’immersion
érigée sur un piédestal. Les échanges linguistiques sont la seule solution pour
apprendre une langue, entend-on désormais des deux côtés du Röstigraben.
L’Office fédéral de la culture (OFC) a augmenté
cette année son enveloppe à 1,5 million de francs pour promouvoir les
contacts entre les classes romandes, alémaniques et tessinoises.
Pourtant,
à peine 1,5% des élèves en profitent en Suisse. L’OFC veut doubler le nombre de
participants d’ici à fin 2016, mais la fondation qu’elle a mandatée semble
incapable d’atteindre cet objectif, critiquait mercredi la Basler Zeitung.
Cette fondation a bien lancé un nouveau programme
l’automne dernier: ExcursionPlus, qui permet aux enseignants d’emmener leur
classe une journée de l’autre côté du Röstigraben. Une journée! Qu’apprend-on
en 24 heures? Comment motiver les professeurs pour une simple course
d’école sans les effets escomptés?
Un échange doit se faire sur la durée avec des
élèves intéressés, et donc plus mûrs, me souffle une enseignante d’allemand au
cycle d’orientation. Il restera donc un privilège réservé à quelques adolescents
motivés. Résistons aux chants des sirènes et ne délaissons pas l’enseignement à
l’école obligatoire. Même en Suisse romande, il s’agit de lutter contre ce
climat délétère.
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